Les canaux d'irrigation de la Ville de Prades

CANAUX D’IRRIGATION DE LA VILLE DE PRADES

L’art et l’usage de l’irrigation remontent à des temps immémoriaux et arrivent en Conflent dans le courant du Xème siècle. Le plus ancien canal mentionné dans les textes historiques est celui de Vernet en 865.

Les canaux appartenaient aux tenanciers arrosant, qui ont acquis le terrain sur lequel coule le canal, ainsi que le droit de prendre de l’eau à ce même canal, et bien souvent, ils ont contribué à sa construction et contribuent régulièrement à son entretien. Pour jouir pleinement de cette propriété, ces tenanciers s’associent dans une structure importante, une société particulière dont les tenanciers nomment les représentants ; les syndics (qui s’occupent de tout ce qui intéresse le canal), et qui définit l’administration du canal et la distribution des eaux.

L’importance des canaux d’irrigation n’est pas à prouver dans ce pays conflentois, profondément agricole, et soumis au manque de pluie et à la sécheresse estivale. C’est la Têt qui alimente en grande partie les canaux d’irrigation, et si ce n’est-elle, ceux sont les petits cours d’eau affluents qui se jettent dans la Têt. Le réseau d’irrigation s’élevait à 546 canaux au XIXème siècle et induit une vie industrielle marquée très profondément par ce réseau hydraulique. Ainsi, le Rech dels Molins, qui alimentait le principal moulin de la Ville de Prades, alimentait également toujours au XIXème siècle des forges, une filature de laine ainsi qu’une fabrique de chocolat.

Selon Jaubert de Passa, la première mention d’un canal sur le territoire de Prades remonterait à 1285, lorsque les religieux de Saint-Michel-de-Cuxa s’entendirent avec ceux de Notre-Dame de Lagrasse pour l’établissement d’un canal d’arrosage. Canal auquel l’abbé de Saint-Michel prévoyait la concession des eaux de la fontaine d’En-Gorner (sur le territoire de Ria), afin de répondre à son alimentation en eau. Mais le roi Jacques II rendit cet arrangement caduc en prouvant que les eaux d’En-Gorner étaient dépendantes du domaine royal de Villefranche. Le titre de propriété fut racheté au roi Jacques, et cette fois la nouvelle concession prévoyait les eaux d’En-Gorner et la Têt en vue de l’établissement d’un canal d’arrosage pour les habitants de Prades et de Codalet. Le Rech Major, qui coule au pied de Prades, a vu sa morphologie changer au fil des siècles, au fil des travaux successifs et au fil bien entendu des besoins croissants en eau des populations agricoles. Ce canal d’arrosage servait autrefois à l’entretien de diverses usines dont une manufacture de draps à l’intérieur de la ville de Prades.

Autre temps, autre canal ; le Rech-de-Baix ou canal inférieur établi en 1521 par le camérier de Lagrasse, seigneur de Prades. Ce canal recevait en vue de son alimentation « les eaux fuyantes d’un moulin à farine alimenté par la Thet et la rivière de Saint-Michel ». Son débit, bien qu’inférieur à celui du Rech Major suffisait à mettre en mouvement les mécaniques de la manufacture de draps, installée dans un nouvel établissement. Le cours du Rech-de-Baix était tout proche de celui de la Têt avant que cette dernière ne soit déplacée dans son cours actuel (voir à ce propos l’ouvrage de Michel Brunet, Prades en Conflent au siècle des Lumières, Les chemins de la Démocratie, 2014, cf. Le pont et le méandre, p.25)

Pour aller plus loin ;

-          Des canaux d’irrigation de l’arrondissement de Prades par M. Lacroix, procureur du Roi à Prades, correspondant du conseil général d’agriculture

-          Une petite histoire des canaux de Prades et ses environs, par Michèle Charbonnier

-          Michel Brunet, Prades en Conflent au siècle des Lumières, Les chemins de la Démocratie, 2014, cf. Le pont et le méandre, p.25

-          Mémoire sur les cours d’eau et les canaux d’arrosage des Pyrénées-Orientales par M. Jaubert de Passa.

 

C. ROMEIRA - Service Patrimoine de la Ville de PRADES - Juillet 2014

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